Bien manger pour mieux performer : les interactions entre esport, nutrition et marketing
L’esport, comme toute pratique compétitive et professionnelle, nécessite de la rigueur. Un entraînement quotidien, un rythme de vie équilibré et une alimentation saine. L’image du joueur de jeux vidéo assis à sa chaise pendant des heures et s’alimentant de chips et de soda est encore présente dans les mémoires, mais elle est en train de changer progressivement. Les joueurs professionnels s’entraînent de plus en plus comme n’importe quel autre sportif et s’imposent une hygiène de vie rigoureuse. Leur rythme avant les compétitions est strict, leur alimentation est saine et équilibrée pour améliorer leurs performances et pouvoir être dans les meilleures conditions possibles en jour de match.
Les équipes prennent davantage conscience des bienfaits d’une alimentation adaptée pour les joueurs en investissant dans des marques de boissons et encas diététiques ou énergisantes. Elles commencent également à proposer à leurs joueurs un suivi régulier par des médecins et des nutritionnistes.
Nous avons donc décidé de revenir ce mois-ci sur l’importance d’une alimentation saine et équilibrée pour les esportifs de haut niveau et ainsi mieux comprendre les interactions entre esport et nutrition pour prouver les bienfaits d’une coopération entre joueurs et spécialistes. Mais notre analyse ne serait pas complète sans étudier également les impacts du marketing sur ces sujets car en effet aujourd’hui, de plus en plus de marques alimentaires non-endémiques sponsorisent des événements ou des équipes et investissent dans l’esport.
Une bonne nutrition pour une meilleure performance
Les esportifs professionnels sont des compétiteurs. Et comme tous compétiteurs, leur but est la performance et la victoire. De nombreux joueurs cherchent donc à mettre toutes les chances de leur côté pour obtenir les meilleurs résultats. En conséquence, l’esport doit commencer à se doter de professionnels pour encadrer les entraînements physiques, la stratégie, la préparation mentale et assurer un suivi médical et nutritionnel approfondi.
En effet, comme dans toute discipline mettant à contribution différentes parties du corps humain (yeux, muscles des bras, des poignets, des doigts ou encore de la nuque, cerveau etc.), les joueurs dépensent de l’énergie lors des compétitions. L’énergie dépensée doit alors être méticuleusement accumulée en amont, selon des méthodes précises, afin d’être dépensée de la manière la plus efficiente possible, le jour J.
Toutefois, de nombreux joueurs, même à haut niveau, ont encore du mal à avoir une alimentation saine. De nombreuses études sont en effet menées par des médecins spécialisés ou des chercheurs spécialisés dans les questions de santé publique. Ainsi, il y a quelques mois, Kevin Hitt, de The Esports Observer, mettait en lumière ces problématiques, interviewant notamment Lindsey Migliore, médecin spécialisée dans l’esport. Cette dernière mettait alors en exergue les problèmes persistants dans la nutrition des joueurs [1]. Cependant, de plus en plus d’organisations esportives prennent à cœur ces questions, primordiales pour la performance, mais aussi et surtout pour la santé et le bien-être des joueurs. Car oui, comme pour tout sportif, ce que le corps ingère a un impact majeur sur la performance et la santé d’un joueur. Selon Jake Middleton, Esports Performance Manager chez Adamas Esports, la performance est influencée par cinq facteurs principaux : le type d’aliments que le joueur mange, le moment où ce dernier les mange, la quantité de nourriture que le joueur mange, le taux de glycémie et l’hydratation [2].
Pour mieux comprendre les effets de la nutrition sur l’esport, nous avons discuté avec Jean-Bernard Fabre, fondateur de HumanFab, entreprise spécialisée dans la mesure sur l’Homme via l’analyse scientifique du mouvement humain à travers trois champs : la physiologie, la biomécanique et les neurosciences, dans les secteurs du sport, de la santé et de l’industrie :
« Déjà, il faut parler de la balance énergétique : au même titre que la voiture a besoin d’essence, la nourriture est le carburant de l’Homme. Le premier point de l’accompagnement (avec MCES), a été de comprendre la dépense énergétique des esportifs et rechercher quels étaient les besoins de ces derniers. Bien sûr, cela dépend de l’esport (certains jeux nécessitent une prise en main plus importante de la souris, clavier, d’autres jeux nécessitent un travail de précision etc.) : un peu comme un pilote dans une voiture, ce n’est pas parce qu’il ne court pas qu’il ne dépense pas d’énergie. L’intérêt de la nutrition, c’est de mettre le joueur dans une disposition idéale pendant l’effort pour que les stratégies cognitives soient optimales. En fonction des moments de la journée, de la quantité de compétitions, du rythme des compétitions, le but est d’arriver à trouver des stratégies pour accroître au mieux les performances avec une alimentation solide et bien dosée durant la game, par exemple ».
Jean-Bernard Fabre insiste notamment sur le fait qu’une bonne nutrition ne se construit pas que pendant l’effort : « La préparation avant la compétition est aussi à surveiller : l’hydratation, notamment, est un enjeu crucial. Avoir une bonne hydratation se prépare sur plusieurs jours, et il faut faire attention : c’est pour cela qu’il nous paraît important de mesurer fréquemment le niveau d’hydratation des esportifs ». Il illustre d’ailleurs l’importance d’une bonne hydratation par un exemple : « Quand les joueurs jouent dans les arènes, il y a des problématiques de chaleur et de lumière : le champ d’éveil et d’attention est perturbé. De ce fait, quelqu’un en déshydratation de 2 ou 3% va être perturbé par ce qu’il voit au-delà de son écran car à cause de ce manque d’hydratation, sa vision périphérique va « trop » s’ouvrir et il va donc être distrait par des éléments non pertinents. Il faut donc bien s’hydrater pour éviter que le champ attentionnel ne soit perturbé ».
Outre l’hydratation et l’alimentation saine, très importantes, le snacking est un phénomène à réguler pour les professionnels du secteur. Mais pour le fondateur de HumanFab, l’idée n’est pas d’interdire aux jeunes joueurs de manger ces types de produits souvent trop sucrés ou mauvais pour les performances, tout est une question d’équilibre : « Le cerveau consomme du sucre et nous savons que la plupart des ados en consomment trop. Et si on consomme trop de sucre, un déséquilibre se crée au niveau de la balance énergétique, entre la quantité d’énergies que le joueur mange et celle qu’il consomme. De ce fait, l’overdose de sucre va se transformer, se stocker et la condition physique va se dégrader. On sait par exemple que le temps de réaction et la masse corporelle sont liés. Il est donc important d’agir sur le snacking en mangeant intelligemment et équilibrer les aliments. On ne peut pas empêcher un ado de manger des confiseries par exemple. L’idée est donc d’avoir une démarche éducative auprès d’un public qui n’est pas au fait de ce genre de choses, contrairement quelques fois au monde du sport. Pour un sportif, c’est plus facile de trouver un équilibre car ils sont entraînés en ce sens : un sportif qui ingère trop de sucre et qui fait un effort à la suite, il va se sentir mal juste après. L’esportif qui consomme trop de sucre quant à lui va se sentir lourd mais autrement, au niveau cérébral du terme : il va perdre en efficacité, mais il s’en rend moins compte. Il faut donc éduquer les jeunes sur ces questions. Il faut que les jeunes joueurs comprennent que c’est bon pour eux ».
Et de la même manière, le fait de manger trop de sucre peut avoir des conséquences néfastes pour le joueur : « Ce que l’on sait, c’est que si vous prenez de trop grosses charges de sucre alors qu’il y a un effort cognitif long à faire (ex : League of Legends), avec un effort intensifié avec le temps, plus performant à la fin qu’au début : il ne faut pas de dose de sucre trop importante ! Sinon il y a un risque de chute de performance en fin de game. Sachant que 30 min de game sur League of Legends pourrait se comparer à une course de 10 km : il faut être à fond pendant 30 minutes pour les meilleurs ! De même, certains n’aiment pas manger ou boire avant les compétitions alors que c’est nécessaire. S’ils ne font pas ça, ils peuvent avoir une chute d’attention, comme des hypoglycémies. »
Saisissant l’importance d’une bonne alimentation, de plus en plus d’équipes esportives s’accompagnent de professionnels de la nutrition, de coachs alimentaires, de chercheurs spécialisés ou encore de cuisiniers. C’est le cas de Rogue qui, en LEC, dispose de son propre chef cuisinier pour les joueurs de League of Legends : Anton Mihailov alias Foxyl. Ce dernier partage même ses recettes sur les réseaux sociaux [3] ! En période de compétition, les joueurs professionnels adoptent donc des repas réguliers, équilibrés et sains grâce à leur chef cuisinier.
De nombreuses équipes disposent également de nutritionnistes qui effectuent un suivi régulier des joueurs : Origen [4], Vitality, Gamers Origin [5], GameWard qui dispose d’un nutritionniste dédié, Clément Thillier [6], ou encore MCES qui a conclu un partenariat avec HumanFab.
Yannick Agnel, coach sportif pour la Team MCES revient sur les bienfaits de ce partenariat : « HumanFab centralise tout ce dont MCES considère que les athlètes ont besoin pour accéder à une haute performance, c’est-à-dire que pour nous, il était important d’avoir le package total : nutrition, préparation physique adaptée, suivi médical, psychologique et aussi suivi de la performance au long cours. C’est tout un processus de recherche et de développement autour des capacités cognitives des joueurs ». MCES utilise depuis quelques temps les services de HumanFab, permettant ainsi de sensibiliser les joueurs mais aussi le reste du staff : « L’alimentation est la base de ce qu’il fallait établir en arrivant dans ce milieu et en montant des équipes professionnelles sur différents jeux ! Ce qu’on fait, c’est que pour les athlètes qui sont au quotidien au training center, on pourvoit des repas préparés et équilibrés, on essaie de les sensibiliser, joueurs comme staff, aux bienfaits d’une alimentation saine et équilibrée en faisant intervenir les nutritionnistes ».
Le coach sportif de MCES a pu voir de manière très rapide les évolutions et les bénéfices d’un rééquilibrage de l’alimentation des joueurs : « On a des effets visuels dans un premier temps : des joueurs se sont transformés en termes de gabarit. On a aussi des effets sur le mental : les joueurs sont plus assurés, mieux dans leur peau et donc les performances se sont améliorées au fil du temps, on le voit grâce aux outils de mesure qu’on utilise sporadiquement ».
Au regard de son ancienne carrière de sportif professionnel, Yannick Agnel dresse un constat : « Chez les esportifs, l’alimentation n’est pas aussi drastique que dans le sport. Alors que pourtant, elle le devrait. Le poids est une constituante indispensable de certains sports. Dans l’esport, ça paraît ne pas l’être alors que le poids doit devenir un outil essentiel. Pour tout un tas de raisons d’ailleurs : performance mais aussi dans la vie quotidienne. De plus, une alimentation et une nutrition plus saines permettent de mieux prévenir les blessures, aussi bien physiques que psychologiques ».
En effet, même si l’alimentation saine et équilibrée n’est pas tout à fait entrée dans les mœurs de l’esport, l’image de l’esportif est en train de changer : « Je pense sincèrement que c’est en train de changer, notamment en cette année particulière où des curieux se sont penchés sur le sujet de l’esport. On a quand même une majorité d’acteurs économiques ou institutionnels ou même du sport traditionnel qui ont changé de regard sur l’esport car les gens ont compris qu’on était éloignés de ce quotidien-là. Chez MCES, l’alimentation et la nutrition font partie intégrante de nos valeurs à la base. On a un ADN esport, sport et le fait de mixer les deux, fait qu’on ne veut pas transiger sur certaines valeurs dont l’équilibre de vie et l’image de l’esportif sain font partie. Encore une fois, le point crucial, c’est l’équilibre à trouver ».
Jean-Bernard Fabre rejoint d’ailleurs ces propos : « Un jeune joueur peut manger de tout, mais de manière intelligente : il n’y a pas de recette miracle, pas de régime type. Il y a des principes. C’est pour cela qu’il est important de comprendre les enjeux, les critères de performance et comment on peut les mettre en œuvre de façon intelligente pour correspondre à la logique de l’activité et rentrer dans les détails sur les stratégies d’hydratation, sur les stratégies d’alimentation avant les compétitions ».
« L’idée, c’est l’éducation et la compréhension des problématiques, comme dans toutes disciplines. Tu es obligé d’avoir un cadre, et en dehors de ce cadre, ce sont des petits détails. Il faut responsabiliser et faire comprendre aux joueurs où ils veulent placer le curseur. On donne la boîte à outils, c’est à eux de piocher dedans ! » conclue Yannick Agnel.
Manger mieux est donc un moyen pour les esportifs d’obtenir de meilleures performances. Et de nombreux chercheurs et de nombreuses sociétés l’ont bien compris. Des sociétés d’analyse des besoins nutritionnels spécialisés dans l’esport voient le jour, c’est notamment le cas de GScience [7], société spécialisée dans la performance et la santé des esportifs et qui se base notamment sur l’analyse de données des joueurs pour accroître les performances de ces derniers. De plus en plus d’équipes d’esport font appel à ce type de services, mêlant ainsi nutrition, esport et innovation.
Les marques alimentaires souhaitent davantage s’investir dans l’esport, notamment au regard de la prise en compte de ces problématiques par les équipes. Il était donc important de dresser un bilan de l’impact du marketing dans le secteur.
Le marketing alimentaire dans l’esport
L’esport est un secteur où toute marque cherche à se faire une place, parce que l’esport est en pleine expansion : audiences, possibilités publicitaires, sponsoring etc. Tout est à construire. Alors que des marques endémiques dévoilent leur gamme de produits alimentaires ou de boissons énergisantes pour mettre en avant la performance des joueurs, des marques non-endémiques d’aliments et de boissons mondialement connues sponsorisent des équipes ou des événements… Quitte à faire naître un véritable paradoxe entre l’esport, pratique compétitive aux exigences alimentaires strictes comme nous venons de le détailler, et les marques de nourritures et de boissons sucrées dont les jeunes sont toujours plus friands ; interrogeons-nous sur la manière dont l’esport tente d’équilibrer ces deux pans opposés.
Les marques dédiées à l’alimentation des esportifs se multiplient : Rogue Energy, Runtime, Ctrl, x-Gamer, G-Fuel… La dernière en date est LevlUp, marque de boisson énergisante pour renforcer la concentration des joueurs [8]. Au-delà, des marques endémiques à l’esport ont également créé leur gamme de produits alimentaires : c’est le cas de Razer qui, en s’associant avec la marque Respawn a créé des chewing-gums spécifiquement pour les joueurs de jeux vidéo [9]. Le marketing de ces marques est clairement axé sur le caractère énergisant des produits pour permettre aux joueurs d’accroître leurs performances, comme on peut retrouver dans le sport. Jean-Bernard Fabre met cependant en garde sur l’effet que peuvent avoir ces produits : « Il ne faut pas cracher sur les sponsors car ils sont importants pour le développement de l’esport. Malgré tout, il faut être vigilant car on voit notamment certaines marques qui proposent des produits attirant l’œil des jeunes joueurs et qui à forte dose, ne sont pas bons pour eux car il y a notamment une forme d’accoutumance. On peut aller chercher la perf’, mais il faut durer dans le temps et ainsi éviter les conflits entre recherche de performance et structuration de l’entraînement ».
Lindsey Migliore confirme d’ailleurs cela dans l’interview livrée à Kevin Hitt pour The Esports Observer : « De nombreux joueurs sponsorisés par des entreprises qui fournissent des boissons améliorant les performances et d'autres types de produits liés à la performance ou à la concentration ne boivent probablement pas assez d'eau (…), ce qui pourrait entraîner des problèmes de santé à long terme s'ils ne sont pas pris avec modération. Les boissons énergisantes sont pleines de sucre, de caféine et d'additifs. Vous n'avez pas besoin de plus de caféine que dans une tasse de café. Si vous voulez une augmentation de la caféine, prenez un café et arrêtez toutes ces autres conneries »[10]. (NDLR : traduction effectuée par nos soins). Les professionnels de la santé et de la nutrition restent donc vigilants sur ce type de marques vantant l’augmentation des performances des joueurs professionnels.
En parallèle de cette recherche de performance, de plus en plus de marques non-endémiques dites de « junk food » se font une place dans le secteur. Citons par exemple Kit-Kat, Coca-Cola, Dorito’s, Burger King, Snickers ou encore des marques de boissons alcoolisées comme Budweiser… Aux antipodes d’une alimentation saine et équilibrée comme nous pouvons le constater. Ces marques investissent dans des équipes et des événements, ce qui est important et même primordial pour le développement économique du secteur. Toutefois, comme dans le sport, nous pouvons nous demander si ce sponsoring ne nourrit pas l’image des esportifs, déjà bien impactée par le standard du « geek » que l’on peut connaître.
Attention toutefois, il n’est pas question ici de plaider pour une interdiction ou une limite de ces marques dans l’esport, mais uniquement de se questionner sur le positionnement de ces marques dans un univers qui se veut sain et contrôlé, alors que la volonté des professionnels du secteur est de démontrer que les esportifs sont raisonnables et soucieux de leur bien-être et de leurs performances. Pourtant, le sponsoring marche très fort : on a pu voir récemment un partenariat entre l’une des meilleures équipes au monde, G2 Esports et Pringles pour sa troisième campagne de recherche de talents [11] ou encore l’un des meilleurs joueurs de League of Legends, Faker, disposer d’une marque de glaces à son effigie : le produit Worldcone de la société Lotte Confectionery. En effet, Faker est tellement populaire en Corée du Sud que ce dernier est réellement vu comme une égérie publicitaire. La marque de glaces sponsorise également les LCS [12].
Pourquoi l’esport est-il autant convoité par ces marques ? Pour la bonne et simple raison que le public consommant ce type de friandises ou de boissons sucrées est majoritairement jeune. Et le public qui joue aux jeux vidéo, regardent des compétitions ou des streams est bien souvent très jeune également. De plus, l’agence d’analyse de données spécialisée dans les jeux vidéo Newzoo a récemment sorti une étude prouvant que 80% des joueurs de jeux vidéo mangent et boivent régulièrement pendant qu’ils jouent [13]. C’est donc une opportunité de visibilité non-négligeable pour ces marques, d’autant plus que certains jeux ou esportifs disposent d’une popularité sans commune mesure dans leur pays et plus largement dans la communauté des afficionados de l’esport (c’est le cas du jeu d’Epic Games Fortnite ou du joueur de League of Legends Faker par exemple). D’ailleurs, selon les études de BioMed Central, les jeunes sont plus susceptibles de faire de la publicité sur les aliments [14]. Un parallèle avec le sport est alors aisé : selon l’American Academy of Pediatrics, des chercheurs australiens ont pu démontrer que « 76% des jeunes australiens interrogés se souvenaient d’au moins une entreprise alimentaire sponsorisant un club sportif » [15]. Plus la publicité est dirigée vers un public jeune, plus cette dernière s’ancre facilement. Et prenez certains jeux esport tels que Fortnite ou encore Rocket League et vous verrez que le public de viewers est très jeune !
Les marques alimentaires souhaitent donc profiter de ce marché pour développer leurs bases de consommateurs et les organisateurs de compétitions ont besoin de ces dernières (comme de n’importe quelle autre marque d’ailleurs) pour pérenniser l’économie du secteur et rendre leurs événements rentables. D’un autre côté, les équipes ont également besoin de stabilité financière, mais certaines d’entre elles imposent des règles strictes dans leurs contrats de partenariat avec ce type de marque, pour justement ne pas faire passer de mauvais message. Il est en effet nécessaire pour les équipes de structurer les choses, de répondre aux demandes de publicité tout en étant conscientes du produit vendu, de ses bienfaits ou de ses potentiels méfaits lorsque ces derniers sont consommés à l’excès : « On peut utiliser les produits, mais il faut répondre aux demandes de publicité tout en structurant les choses et en respectant le biorythme des jeunes joueurs. Il faut être intelligent, là encore. Il ne faudrait pas qu’il arrive dans l’esport ce qu’il peut se passer dans le sport où il y a beaucoup d’argent et avoir des imposteurs qui vendent les bienfaits de leurs produits alors que ce n’est pas toujours le cas, notamment quand ces produits sont utilisés à l’excès. Il faut être vigilant. » conclue ainsi Jean-Bernard Fabre.
L’alimentation des esportifs est donc un élément important dans le paysage compétitif, les nutritionnistes, cuisiniers et plus généralement les spécialistes de l’alimentation ont alors un double-rôle à jouer : faire comprendre aux joueurs que leurs performances peuvent être sensiblement améliorées par ce qu’ils mangent et la manière dont ils consomment les aliments et responsabiliser ces derniers, leurs équipes et plus généralement les professionnels du secteur quant à la direction à prendre au regard des nouvelles marques alimentaires entrantes.
Par Emeline Guedes, Ophélie Allasseur, Mélie Boulesteix