L'esport amateur à Paris : engagements de la capitale pour une pratique novatrice
Échelon intermédiaire entre esport de loisir et secteur professionnel, l’esport amateur est en plein essor. Il comprend les joueurs qui s’engagent de manière épisodique ou régulière dans des compétitions, qu’elles soient en présentiel (LAN), ou en ligne avec classement [1].
En 2020, 1,2 millions de joueuses et joueurs étaient ainsi concernés en France [2], dont environ 100 000 à Paris et trois fois plus en Ile-de-France [3], suivant une progression constante ces dernières années. Cette augmentation du nombre de pratiquant.e.s s’accompagne d’une volonté de structuration, l’année 2020 ayant enregistré un taux record de créations d’associations esportives, qui sont désormais plus de 1000 à l’échelle nationale [4].
Dès 2016, la Ville de Paris a choisi d’accompagner ce phénomène de grande ampleur, porteur pour le développement territorial et local, et possédant de nombreuses vertus notamment en termes de cohésion sociale, d’éducation aux valeurs sportives, et d’inclusion. Réciproquement, la reconnaissance et l’appui des pouvoirs publics sont bénéfiques à la structuration de ce milieu amateur encore fragile, et pourtant fondamental pour l’ensemble de l’écosystème. Esport amateur et collectivités ont donc beaucoup à s’apporter mutuellement.
Il s’agit d’un enjeu transverse et novateur pour la collectivité parisienne, qui y répond par la mise en place d’une politique publique dédiée et évolutive.
I. L’esport amateur : un enjeu transverse et novateur pour la Ville de Paris
a. La mise en place d’une politique publique esportive : entre tradition et adaptation
Pourquoi l’esport ? Un nombre croissant de joueuses et de joueurs le pratiquent, ou s’y intéressent. Particulièrement inclusif, il porte les valeurs du sport traditionnel et permet de s’adresser à un public large, et parfois éloigné de l’activité physique. Plutôt que d’ignorer ce phénomène au succès indéniable, qui continuera à se développer, il semblait bien plus judicieux d’accompagner cet écosystème encore jeune, et d’encourager par ce biais une pratique plus responsable, mieux encadrée, et donc durable, et qui a beaucoup à apporter en termes de développement territorial et local. Il est en particulier tout à fait fondamental de travailler au lien entre l’esport et les impératifs de santé publique et de travailler à la prise en compte systématique des thématiques de sensibilisation et de prévention. Les pouvoirs publics ont évidemment un rôle à jouer dans cette structuration, c’est pourquoi la Ville de Paris a choisi de s’y engager.
En raison des nombreux points communs partagés entre le sport traditionnel et l’esport (dimension compétitive, hygiène de vie, entraînements notamment), c’est naturellement que le milieu sportif amateur traditionnel a servi de base à la mise en place de la politique esportive parisienne. A Paris, le milieu associatif du sport traditionnel constitue un excellent point de départ, pour sa diversité, sa qualité, et les rapports qu’il entretient de longue date avec la collectivité. Par conséquent, la Ville de Paris a lancé en 2020 un appel à projets auprès des clubs sportifs parisiens pour l’ouverture d’une section esport. Il a permis aux 7 clubs lauréats de s’équiper en consoles ou PC, afin de faire bénéficier leurs adhérents de la complémentarité de la pratique esportive et de la pratique sportive traditionnelle, à l’instar du Paris Université Club qui propose une formule comprenant l’esport et un sport traditionnel au choix. Les clubs purement esportifs ont ainsi pu dans un premier temps s’inspirer des clubs sportifs pour leur propre structuration, ou créer des partenariats (comme entre le Paris Basket et Warthox, par exemple), même si des adaptations seront également nécessaires pour répondre aux spécificités de l’esport.
Il n’y a pas de réponse préconçue aux évolutions de l’écosystème, et l’adaptation sera de mise pour accompagner au mieux les réalités du terrain. La plupart des associations esportives sont de création récente et leurs relations avec la collectivité sont encore en construction. Ce lien constitue l’un des enjeux prioritaires de ces prochaines années et la raison pour laquelle la Ville de Paris et ses partenaires, particulièrement le Level 256, font un important travail de communication auprès de ces associations afin de leur permettre d’identifier leurs interlocuteurs et d’être informées des possibilités offertes par les pouvoirs publics pour le développement de leur activité. Réciproquement, cela permet également de mieux connaître les associations présentes sur le territoire, de recenser les différentes initiatives dans un secteur particulièrement porteur auprès de la jeunesse, et de renforcer les liens avec ces structures.
b. L’esport amateur, facteur de développement territorial et local pour les collectivités
Un esport amateur structuré et dynamique est un facteur d’attractivité territoriale important. Il est utile de rappeler ici quelques chiffres éloquents. La France est l’un des pays les plus engagés dans l’esport au niveau européen, avec un chiffre d’affaires d’environ 50 millions d’euros en 2019[5], provenant en majorité de l’organisation de compétitions, des équipes professionnelles et des diffuseurs de contenus. Les investissements, également en hausse, de 5 à 29 millions entre 2017 et 2019[6], proviennent de fonds d’investissements, de marques, endémiques ou non, comme les marques d’agroalimentaire de plus en plus présentes dans le secteur. Ce secteur économique en pleine croissance est également pourvoyeur d’emplois, de manière directe ou indirecte, dans le cas du tourisme par exemple. En se structurant de manière pérenne, le secteur associatif abonderait durablement ces chiffres. La structuration du milieu amateur en lien avec les pouvoirs publics est d’ailleurs identifiée comme un facteur de développement pour la filière esportive toute entière[7], alors qu’il représente un vivier de talents et de compétences professionnellement valorisables. S’agissant d’un secteur très transverse, touchant notamment le sport, la culture, le divertissement, et avec des retombées multiples dans les domaines économique et social, l’esport représente un enjeu d’attractivité et de développement territorial.
L’esport est également une ressource pour la collectivité elle-même, et l’image d’une ville peut être largement impactée par son dynamisme, à l’instar de Poitiers, innovante et attractive dans ce domaine. A Paris, l’esport est de plus en plus présent, et ce, dans des secteurs divers. Par exemple, dans le cadre du programme « 2024, toutes championnes, tous champions », l’esport est mis à profit pour déceler et valoriser les « soft skills », les compétences informelles, afin de permettre aux candidats retenus de bénéficier d’une formation qui corresponde à leur profil et de retrouver un emploi dans un domaine qui recrute (construction, hôtellerie, transports…), dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Dans ce contexte, l’esport fait office d’accélérateur pour l’insertion professionnelle et de soutien à l’emploi, mais il ne s’agit là que de l’une de ses applications possibles. Un esport amateur dynamique multiplierait ce type de possibilités pour les collectivités, au regard de la nature et des compétences multiples des acteurs qui le font vivre.
En effet, le secteur amateur se distingue par la variété des acteurs qui concourent à son dynamisme, qu’il s’agisse des compétences dont ils disposent (joueurs, promoteurs, organisateurs, régisseurs, streamers…) que de la nature de ces acteurs. Ainsi, aux côtés des associations, se trouvent des startups, des sociétés déjà établies qui diversifient leurs activités, des micro-entrepreneurs, ou encore des investisseurs, qui ont mutuellement des choses à s’apporter et favorisent la croissance du secteur sur le territoire. Ces structures peuvent être fondamentalement esportives, ou interagir avec l’écosystème pour élargir leur domaine de compétences, et répondre à des besoins spécifiques, comme les sociétés s’appuyant sur l’esport dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). D’autres formes de collaborations tendent également à se développer, par exemple entre associations et structures privées : c’est le cas de certains marathons caritatifs, opérés par des structures privées au profit d’associations, tels que le Z Event, ou par des associations esportives au profit de fondations, comme Interglitches. Cette dynamique novatrice, qui s’exprime sur le terrain mais également en ligne via les plateformes de streaming, était également l’un des enjeux auxquels la Ville de Paris souhaitait répondre en mettant en place sa politique esportive.
c. Genèse et évolutions de la politique esportive parisienne
C’est en 2016 que la Ville de Paris a commencé à s’engager pour l’esport, avec pour ambition de parvenir dans le top 5 mondial[8]. Trois grands axes de développement pour l’esport dans sa globalité ont alors été définis : attirer et accueillir de grands événements esportifs, développer l’attractivité économique et l’innovation dans le secteur, et aider l’écosystème amateur à se structurer et à se pérenniser. L’année 2018 a vu le lancement de Level 256, première plateforme mondiale d’innovation dédiée à l’esport, et le budget participatif de l’année suivante a permis la création d’un lieu unique à Paris, la Maison de l’esport, dans le 20ème arrondissement de Paris, opérée par le Level 256. De façon concomitante, l’équipe française professionnelle Vitality ouvrait son hub au centre de Paris, avec des espaces dédiés à la pratique amateur, et la Ville de Paris commençait à se structurer en interne pour répondre aux sollicitations de l’écosystème esportif.
Coïncidant avec cette dynamique, les Worlds de League of Legends de novembre 2019 ont donné une grande visibilité aux initiatives se déployant sur le territoire parisien. Lors de cet événement d’ampleur mondiale, plus de 15 000 spectateurs se sont réunis à l’AccorHotels Arena faisant salle comble, ce qui a également profité à l’esport amateur. Par exemple, le Village Paris + Esport déployé sur le parvis de l’Hôtel de Ville à cette occasion, a permis aux Parisien.ne.s de (re)découvrir l’esport sous toutes ses formes, en lien avec l’association Paris Esports, dont l’une des missions est de fédérer l’écosystème amateur parisien et francilien. Ainsi, si la Ville de Paris était déjà investie dans l’univers vidéoludique, avec l’accueil d’événements incontournables comme la Paris Games Week, les Worlds de League of Legends de novembre 2019 ont marqué un tournant dans l’engagement de la Ville pour l’esport en tant que tel.
Afin d’aller plus loin dans cette volonté d’accompagnement, la politique esportive parisienne doit être adaptable. Les grands axes rappelés ci-dessus correspondent aux orientations générales de la mandature, mais les possibilités de mise en œuvre peuvent être ajustées afin de répondre aux enjeux du secteur et de ses évolutions. Un exemple réside dans les possibilités de travailler avec les différents acteurs de l’esport, où des partenariats plus fréquents avec des startups pourraient être envisagés, dans les domaines où n’interviennent pas les associations et en soutien à leur action. A l’avenir, il pourrait également être intéressant de penser à des coopérations franciliennes, dans une optique de mise en commun des ressources. Une certaine agilité et une adaptation constante seront donc de mise pour continuer à accompagner au mieux l’esport amateur, et la politique parisienne a donc été affinée pour répondre à ces impératifs, tout en s’inscrivant dans un contexte plus large fortement marqué par les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
II. La politique parisienne de la mandature dans le domaine de l’esport amateur, à l’aube des JOP 2024
Pour la mandature actuelle, les grandes orientations de la politique esportive de la Ville de Paris ont été maintenues. Le soutien à l’esport amateur a été approfondi afin de répondre à cet enjeu croissant, autour de trois grands axes.
a. Accompagner le développement territorial de l’esport amateur
L’esport amateur est avant tout un esport de proximité. Il s’agit de l’échelon le plus accessible, qui possède un potentiel fédérateur fort, et dont les répercussions sont visibles à l’échelle locale. Accompagner le développement de l’esport amateur concourt donc non seulement à sa structuration, mais également à sa diffusion locale, notamment par l’enrichissement de la vie associative, et l’animation de l’espace public. Lors de l’appel à projets de 2020 pour l’ouverture d’une section esport, les clubs sportifs lauréats avaient un projet s’adressant à tou.te.s, favorisant la mixité de genre, d’âge, d’origine sociale. L’ouverture et la pérennisation de structures dédiées permet donc l’ancrage local de l’esport, et la garantie d’une pratique plus universelle.
La Ville de Paris souhaite encourager la structuration en clubs, afin de proposer une alternative à l’esport en ligne. Cela permet aux pratiquant.e.s de se rencontrer et de créer un lien plus formel, mais aussi d’encadrer la pratique et de transmettre un esport de qualité, avec des éducateurs formés et disponibles. Il s’agit là de répondre à une préoccupation importante des parents, dans le cas des pratiquant.e.s mineur.e.s, mais aussi des joueuses et joueurs eux-mêmes. L’idée fondamentale est de jouer moins, mais mieux, tout comme dans le sport traditionnel ; la technique et la récupération sont fondamentales pour une pratique sécurisée d’abord, et pour la performance ensuite. Cette structuration en clubs a vocation à tisser un maillage territorial plus dense, toujours dans le souci de respecter l’échelon de proximité, et de permettre à chacun.e d’y accéder facilement. L’objectif est de permettre l’organisation de tournois à l’échelle parisienne sur différents jeux, ce qui représenterait une belle opportunité d’implication pour les clubs amateurs à l’horizon des JOP 2024.
En vue de soutenir ce développement territorial, la Ville de Paris met à disposition différentes formes d’accompagnement pour les clubs. Tout d’abord, un accompagnement institutionnel : considérant que les ressources sont un enjeu majeur pour ces structures, la Ville de Paris exerce un rôle facilitateur pour les échanges et la mise en commun du matériel ou pour trouver des lieux d’accueil de leurs actions, avec une vision plus globale des différentes possibilités. L’association Silver Geek a ainsi pu faire connaître son action à l’auditorium de la médiathèque Marguerite Yourcenar en juillet 2021, grâce aux ressources présentes dans cet équipement de la Ville de Paris. Par ailleurs, la collectivité peut donner de la visibilité aux initiatives porteuses, en les faisant bénéficier de ses canaux de communication, comme le site « Que faire à Paris » ou les réseaux sociaux. Enfin, les associations ont la possibilité de faire des demandes de subvention pour un projet précis, temporaire ou pérenne, et répondant aux axes de développement prioritaires portés par la Ville.
b. Soutenir et promouvoir un esport responsable et inclusif
Le deuxième axe de la politique esportive parisienne est le développement d’un esport responsable et inclusif. Un esport responsable passe d’abord par l’accompagnement des clubs dans l’activité elle-même, avec la promotion des bonnes pratiques de jeu. Il s’agit, par exemple, de mettre à leur disposition des ressources pédagogiques, facilement mobilisables, autour des sujets de prévention et de sensibilisation. Le collectif Pédagojeux, spécialisé sur ces thématiques, est notamment intervenu lors de plusieurs actions de la Ville de Paris, et a réalisé des supports concrets sur des sujets précis, comme le temps de jeu, ou la signalétique Pan European Game Information (PEGI). De plus, les actions menées par la Ville de Paris contiennent systématiquement un temps de sensibilisation, comme les stages Paris Sport Vacances esport, ouverts aux jeunes Parisien.ne.s pour découvrir ou se perfectionner dans la pratique. Il est en effet important pour la pérennité de l’esport amateur et pour l’expérience des pratiquant.e.s de tenir un discours objectif et pédagogique, ce que font d’ailleurs les associations en grande majorité, et que la Ville de Paris encourage fortement.
Convaincue que les deux types de pratique ont beaucoup à s’apporter mutuellement, comme cela est le cas dans le secteur professionnel, la Ville de Paris appuie particulièrement la création de passerelles entre le sport traditionnel et l’esport. Si les pratiquants amateurs ne sont pas plus sédentaires que la moyenne[9], il est malgré tout important de soutenir cette dynamique, et d’amener la partie du public plus éloignée du sport traditionnel à la pratique d’une activité sportive ne serait-ce que pour son impact positif sur la santé des pratiquants. A l’inverse certains clubs sportifs envisagent l’esport comme un complément permettant d’appréhender différemment le jeu physique, que ce soit en matière de coopération ou de stratégie. C’est pourquoi les stages Paris Sport Vacances sont composés d’une demi-journée d’esport, et une demi-journée de sport traditionnel encadrée par un éducateur sportif. Les résultats sont probants, puisque certains pratiquants ayant découvert un sport traditionnel à cette occasion ont poursuivi dans la discipline. Cela est bien entendu particulièrement encourageant à l’heure où Paris célèbre le sport en vue des JOP 2024, dont l’esport partage les valeurs.
Parmi elles, l’esport a par nature un fort potentiel inclusif, qu’il est important de promouvoir et de développer, et ces thématiques sont centrales dans les actions menées par la Ville de Paris. Cet été, la collectivité et le Level 256 ont lancé l’Esport (F)estival, au cours duquel les associations lauréates ont pu bénéficier gratuitement des espaces de la Maison de l’esport pour un projet défini, ouvert à tou.te.s, et reflétant ces priorités. Dans ce cadre, l’association Afrogameuses, qui promeut la place de la femme et des minorités dans les jeux vidéo, a organisé des tables rondes pour faire connaître son activité, de même que Paris Esports qui a animé une conférence autour de l’esport et du handicap, domaine où les acteurs de la discipline sont très engagés et innovants, à l’image de l’association Capgame ou du développeur Ubisoft, qui travaillent pour permettre à des personnes valides et en situation de handicap de pratiquer ensemble grâce à des contrôleurs adaptés. Certaines bibliothèques de la Ville de Paris sont également actives dans ce domaine, proposent des tournois dédiés, et travaillent à la fabrication de manettes spécifiques grâce à des imprimantes 3D. Autre exemple, l’esport est vecteur de lien transgénérationnel, comme le démontre l’association Silver Geek, active sur le territoire parisien depuis un an. Elle propose des ateliers d’esport aux résident.e.s des EHPAD parisiens animés par des jeunes volontaires en service civique, et organise un tournoi national d’esport senior. La Ville de Paris s’engage donc pour un esport toujours plus inclusif, et l’événementiel reste un vecteur privilégié pour mettre en lumière ces initiatives.
c. Développer l’événementiel esportif de proximité
Développer l’événementiel esportif de proximité, en marge ou non de grands événements sportifs et esportifs, a des retombées positives tant à l’échelle locale que pour la consolidation de l’écosystème amateur. L’enjeu majeur est tout d’abord de rendre l’esport plus accessible. Les grands rendez-vous internationaux sont fédérateurs, mais ne donnent pas à chacun.e l’occasion d’y participer. Moments de convivialité, ces événements locaux permettent de recréer du lien en favorisant la pratique en physique plutôt qu’en ligne, et répondent ainsi également à des enjeux de cohésion sociale. Cette volonté de partage était aussi l’un des objectifs de l’Esport (F)estival, pendant lequel les visiteurs ont pu se retrouver ensemble autour de l’esport, quel que soit leur niveau, leur âge, qu’ils se connaissent ou non. L’esport n’est pas une pratique réservée à une minorité, et l’événementiel de proximité a la faculté de permettre à chacun.e de s’y essayer librement. Cela bénéficie plus globalement à l’image de l’esport, en déconstruisant certains préjugés qui lui sont parfois associés.
Faciliter l’accès à l’esport contribue également à le rendre plus lisible, à l’heure où les risques de dérives sont parfois plus médiatisés que ses vertus et où la pratique n’est que peu expliquée. Cela est important pour les pratiquant.e.s et les personnes qui s’y intéressent, mais également pour leur entourage. Dans le cas des pratiquant.e.s mineur.e.s, il est nécessaire d’accompagner les parents et de répondre à leurs questionnements éventuels. La pratique en club a vocation à rassurer sur la qualité de l’enseignement délivré et permet aux parents d’avoir des interlocuteurs privilégiés, afin de mieux comprendre ce qu’est l’esport, ce qu’il peut apporter à leurs enfants dans d’autres aspects de leur vie et de partager cette expérience avec eux. Les intervenant.e.s sur les événements de proximité ont également ce rôle de médiation auprès des Parisien.ne.s, et contribuent donc grandement à cette lisibilité.
Enfin, et surtout, la systématisation de ce type d’événements a vocation à rendre l’esport plus visible. Sa présence sur l’espace public, accessible à tou.te.s, devrait également permettre une meilleure mise en lumière du phénomène, qui, malgré son importance, reste encore mal ou peu connu du grand public. Les médias non-spécialisés commencent à évoquer le sujet, mais se concentrent en majorité sur l’esport professionnel. Il est donc important de donner au tissu associatif local une plus grande visibilité. Sur ce point, les collectivités ont un rôle majeur à jouer en encourageant et accompagnant les initiatives locales. En outre, dans le cadre de l’Olympiade actuelle, l’esport de proximité a toute sa place, puisqu’il mêle le sport, l’éducation et la culture, et porte les valeurs de l’olympisme. Un grand événement est d’ailleurs envisagé à l’occasion des JOP 2024, pour mettre en avant la richesse de l’esport parisien, qu’il soit professionnel ou amateur, et constituera un grand rendez-vous pour tous les acteurs de l’écosystème.
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L’esport amateur est donc un domaine au fort potentiel de développement pour les collectivités. Afin d’accompagner le développement de la pratique amateur et de pérenniser l’activité des structures sur son territoire, la Ville de Paris devra faire preuve d’adaptation et de réactivité
La pédagogie a également un rôle fondamental à jouer afin de mettre en lumière les vertus de cette discipline encore assez méconnue du grand public, de déjouer l’a priori négatif dont elle peut souffrir et de pérenniser un esport de qualité, reconnu sur le territoire parisien.
Enfin, une pratique de proximité et ouverte à tou.te.s doit demeurer centrale à Paris afin de mêler les valeurs sportives, celles que porte la Ville, et la richesse de l’esport. Les JOP de 2024 constitueront une occasion unique de mettre en lumière ces interactions.
[1] Définition France Esports : https://www.france-esports.org/wp-content/uploads/2019/12/France_Esports_Manifesto_FR.pdf
[2] Baromètre France Esports 2020
[3] Source France Esports
[4] Dont 21% en Ile-de-France, https://twitter.com/NicoBesombes/status/1375735701774467074
[5] Rapport PIPAME, juin 2021, p. 31 (https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/etudes-et-statistiques/etude_esport_rapport.pdf)
[6] Id., p.36
[7] Id., pp. 68, 90-91
[8] Interview de Jean-François Martins, alors adjoint au sport auprès de la Maire de Paris, https://www.lesechos.fr/pme-regions/ile-de-france/comment-paris-compte-devenir-une-capitale-mondiale-de-le-sport-1145990
[9] Baromètre France Esports 2019, https://www.france-esports.org/wp-content/uploads/2019/10/infographie_barometre_FE.jpg
A propos de Karim Ziady :
Conseiller de Paris, Karim Ziady est délégué en charge du sport de proximité auprès de Pierre Rabadan, Adjoint à la Maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques en charge de la Seine.