L’essor du jeu mobile : les éditeurs à la conquête de l’Ouest
Ce n’est effectivement un secret pour personne : les jeux mobiles compétitifs sont beaucoup plus populaires en Asie qu’en Europe ou en Amérique. Ainsi, alors que le jeu PUBG ne cesse de voir ses audiences et le nombre de joueurs du jeu croître, le développement à l’Ouest est pour l’instant moins évident. Cependant, l’éditeur du jeu, PUBG Mobile entend bien ne pas délaisser cette partie du monde. En effet, le patron de l’éditeur, dans une interview donnée à Esports Insider, a évoqué longuement sa stratégie pour conquérir l’Occident … Et quoi de mieux, dans ce cas, que la création de ligues professionnelles régionales ? De nouvelles ligues vont donc faire leur entrée dans les compétitions PUBG officielles, un peu à l’image des ligues fermées de League of Legends : LEC, LCK, LCS etc. Si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet des ligues fermées et mieux comprendre le principe de telles ligues, nous vous renvoyons à un article rédigé par Level 256 il y a quelques mois.
En effet, la conquête de l’Ouest ne porte pas tant sur les audiences mais plutôt sur le nombre de joueurs réguliers. Le PDG de PUBG Mobile expliquait d’ailleurs que le pic d’audience en Occident avant atteint plus de 400 000 spectateurs lors des championnats du monde 2021, soit une augmentation de 800% par rapport à l’édition 2020. Il s’agit donc de savoir comment améliorer le taux de joueurs réguliers, même s’il est important de souligner la croissance, dans tous les cas, des jeux mobiles esportifs sur le marché mondial.
Mais pourquoi l’esport mobile ne se développe pas aussi vite que prévu en Europe et en Amérique ? D’abord, il est possible d’invoquer le « retard » du développement de l’esport de manière générale que l’Occident a pris sur l’Asie. En effet, alors qu’en 2000 la première fédération esportive se créait en Corée du Sud, la KESPA, permettant une institutionnalisation officielle avec plus de financements publics accordés et un soutien des gouvernements, on commençait seulement à voir se développer en Europe des LAN importantes. Ensuite, l’esport mobile et de manière générale les jeux vidéo sur mobile ont mauvaise presse en Europe, encore plus que les jeux vidéo : jeux plus « simples », plus addictifs, sur des écrans plus petits et pouvant se jouer partout… Il est peu évident de miser sur une stratégie entièrement tournée sur le mobile en Europe par rapport au continent asiatique où cette culture est déjà fortement installée.
Pour pallier ces problématiques, les éditeurs de jeux mobiles essaient de rendre ces derniers plus attrayants pour les joueurs : augmentation du nombre de tournois, cagnottes de plus en plus importantes etc. Ces derniers tentent également de sortir du modèle compétitif et des licences peu connues : PUBG Mobile a par exemple conclu un partenariat avec l’éditeur du jeu le plus joué au monde : League of Legends, pour fêter la sortie de la série à succès Arcane. PUBG Mobile se rapproche alors de plus en plus de politiques d’éditeurs de jeux esportifs qui se tournent vers le divertissement, tout en s’associant avec des jeux populaires pour parfaire leur image. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une nécessité économique mais bien d’un souci de gouvernance et de souveraineté, PUBG Mobile ayant gagné, en moyenne, 8 millions de dollars par jour en 2021 selon les statistiques.
Enfin, la conquête de l’Europe et de l’Amérique pour PUBG est aussi une course contre la montre avec son plus grand rival, asiatique également : Free Fire. En effet, le jeu a récemment surpassé en termes de viewers PUBG Mobile et Call of Duty Mobile, les licences phares du jeu mobile. En effet, Free Fire est le deuxième jeu le plus téléchargé au monde, surclassant ainsi les deux licences et son succès ne se fait pas qu’en Asie. En effet, le jeu ayant d’abord cartonné en Inde, PUBG Mobile ayant été interdit dans le pays pour des problématiques de données personnelles, c’est ensuite en Amérique latine que les téléchargements explosent, ce qui n’est pas le cas de PUBG. D’ailleurs, le jeu commence même à se faire un public aux Etats-Unis, notamment grâce à un partenariat avec Cristiano Ronaldo. Il est donc nécessaire pour PUBG de conquérir le marché Européen et l’Amérique du Nord, afin de ne pas voir son concurrent direct devenir encore plus populaire qu’il ne l’est déjà.